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Date de publication : 18/10/2023
Enseignement
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Newsletter 17 : La transition écologique au cœur de la formation d’ingénieur des écoles de ParisTech

Interview d'Hélène Bluteau, directrice de l’évaluation et de la RSE à AgroParisTech et Emeric Fortin, responsable des formations de master et au développement durable à l’École des Ponts ParisTech sur la prise en compte de la transition écologique dans la formation d'ingénieur ParisTech.

Quel est l’historique de la mise en place de la transition écologique dans les établissements d’enseignement supérieur ?

EF : Les trajectoires des établissements d’enseignement supérieur sont très hétérogènes selon leur profil. Le paysage actuel nous donne cependant une idée de la façon dont se structurent les stratégies : cela débute généralement par des formations spécialisées dispensées par des enseignants chercheurs et des professionnels qui appréhendent par entrée thématique ou disciplinaire la question de la transition. Un bel exemple est constitué par l’ISIGE (Institut Supérieur d’Ingénierie et de Gestion de l’Environnement) créé en 1992 par l’École des Mines de Paris, initialement en partenariat avec l’Agro et les Ponts. Il constitue encore aujourd’hui un centre de référence en matière d’approche intégrée du développement durable. Puis, des collectifs se forment et portent des questions plus transversales, construisent des cadres et des outils utiles à tous à l’instar du Réseau des Responsables Développement Durable (R2D2) dont les travaux encadrés par la CGE et France Université ont permis l’élaboration du référentiel DD&RS ou d’un guide de compétences pour former les acteurs de la transition. Enfin, la très forte mobilisation des étudiants conjuguée à l’urgence climatique a stimulé une généralisation et un passage à l’échelle dans la prise en compte de la transition dans la stratégie des établissements.

 

Comment travaillez-vous sur la transition écologique à AgroParisTech ?

HB : Après la mise en place d’un plan vert, puis d’une première commission « développement durable », nous avons récemment changé de dimension en élaborant une politique RSE en huit axes que nous avons présentée au conseil d'administration de l'école fin 2022.

Une des spécificités de notre école est que nous avons depuis plusieurs années un « budget développement durable et responsabilité sociétale » (2% des contrats de recherche et de formation de l’école).

Pour mener à bien cette politique, nous avons mis en place :

• Une direction de l'évaluation et de la responsabilité sociétale et environnementale, avec une directrice, une chargée de mission dédiée au développement durable, un.e service civique qui anime les sensibilisations ;

• Une commission RSE qui réunit des personnels de l'école, des représentants des campus, des enseignants-chercheurs et des étudiants ambassadeurs ;

• Un comité de pilotage comprenant le Directeur Général, la secrétaire générale et des membres extérieurs tels que la Vice-Présidente Développement Soutenable de l'Université Paris-Saclay et la chargée de mission RSE de l'INRAE, deux étudiants. Il procède aux arbitrages et définit les orientations.

Notre premier BEGES (bilan d'émissions de gaz à effet de serre) est en cours. Nous soumettrons au printemps un schéma directeur du développement durable et de la RSE, qui concrétisera les plans d'action, au vote du conseil d'administration.

 

Comment intégrez-vous la transition écologique dans le cycle ingénieur ?

EF : La formation d’ingénieur a vocation à se développer sur deux pieds :

· une formation scientifique et technique avancée pour que les ingénieurs restent les acteurs de la conception, de la production et de l’innovation ;

· le développement d’un certain nombre de compétences leur permettant de s’aligner avec, voire d’être au cœur de la gouvernance des transitions.

Les référentiels convergent fortement quant à la définition des compétences nécessaires. Certaines s’inscrivent en cohérence avec les formations existantes (analyse de cycle de vie, analyse fonctionnelle, systémique…), en modifiant parfois les termes (inclusion de la sobriété au cœur des fonctions objectifs…) quand d’autres relèvent de réelles évolutions (interdisciplinarité et co-construction élargies, évaluation de la robustesse des stratégies au-delà de leur efficacité…). Cette démarche compétence sur deux pieds peut transformer nos écoles en capitalisant sur leurs forces, leurs spécificités et en respectant leur histoire. Il convient néanmoins que cette démarche s’appuie également sur des actions concrètes de formation avec des projets réellement pluridisciplinaires afin que les élèves et leurs enseignants se forment aux nouvelles approches qu’impliquent une transformation substantielle de nos sociétés.

HB : Nos étudiants sont très sensibilisés. C’est un cœur de métier de l’école. En première année, ils suivent un module de 20 h intitulé « Enjeux et défis » dans lequel ils balaient tous les enjeux liés au développement durable. Ensuite, ils se spécialisent. Certains s’orientent vers la RSE en entreprise, d’autres travaillent sur des sujets essentiellement environnementaux liés aux milieux naturels ou au développement des territoires.

L’école vient de lancer un projet de réforme de la formation et est dans une année d’accréditation par la Commission des Titres d’Ingénieur. Dans ce cadre, nous avons fait une étude avec notre junior entreprise pour savoir ce que nos étudiants pensaient de leur formation à la transition écologique. Les résultats ont montré qu’ils n’étaient pas pleinement satisfaits. Nous avons aussi ébauché avec eux une liste des compétences sur la transition écologique pour un ingénieur agronome.

Nous porterons leurs préconisations et en particulier le besoin d’un fil rouge dans la formation d’ingénieur, qui apporte de la cohésion entre tous les enseignements autour de la transition écologique.

 

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